"Une nuit d'été", de Chris Adrian: Intriguant, perturbant, et poétique ♥

"Libre transposition dans le San Francisco d’aujourd’hui du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, Une nuit d’été est un roman à nul autre pareil, où monde réel et monde féerique se télescopent pour interroger la nature de l’amour. Henry, Will et Molly ne se connaissent pas. Ils ont chacun perdu un être cher, dans le deuil ou la rupture, et sont habités par le souvenir de ceux qui ont disparu de leur vie. Un soir d’été, ils se retrouvent coincés dans le Buena Vista Park où ils vont vivre une nuit différente des autres. Car là, vivent en exil Obéron et Titania, souverains du royaume des fées et héros du Songe d’une nuit d’été. Un couple millénaire et légendaire, dont l’équilibre est toutefois en péril depuis la mort de leur fils. Lorsque ce soir-là leur monde entre en collision avec celui des humains, ils sont anéantis par des sentiments jusque-là inconnus, rendus vulnérables par l’amour, le chagrin et la souffrance. À l’image d’Obéron, doté du pouvoir de sonder le cœur des humains, Chris Adrian sonde le pouvoir et le mystère de l’amour, se jouant de la frontière entre mythe et réalité, souffrance et féerie, mortalité et immortalité, amour et désamour, pour créer un roman original et profondément attachant."

Je suis ravie de vous retrouver pour une chronique, et aujourd’hui je vais vous parler de La nuit d’été de Chris Adrian, très gentiment envoyé par les éditions Albin Michel que je remercie évidemment.

En lisant le résumé je m’attendais à être bousculée par différents sentiments tels que la joie, la tristesse, l’émotion… Et ça n’a, finalement, pas forcément été le cas, ou peut-être pas forcément autant que je me l’étais imaginé. Je ne dis pas que je n’ai pas aimé puisque j’ai apprécié cette lecture, mais c’est un autre sentiment qui a dominé : je vais vous expliquer tout ça !

Je n’ai jamais lu Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare mais comme dit sur la quatrième de couverture, Chris Adrian s’en est inspiré et donc nous pouvons je pense qualifier ce roman de réécriture. Résumer ce livre est franchement très compliqué : je pense que celui au-dessus le fait déjà très bien. Une nuit d’été est tout simplement une histoire de destins croisés, qu’ils soient réels ou imaginaires.

Tout au long du roman, je me suis sentie intriguée. Intriguée par l’univers complet qui s’installe devant nous, qui nous paraît d’abord complètement improbable, sans sens, mais qui finalement est très réfléchi. Les humains et les créatures magiques se mélangent pour ne former plus qu’un ce soir là, dans un parc de San Francisco ; les humains sont étonnés et croient même devenirs fous, tandis que les créatures elles, s’indignent toujours de la naïveté de l’humain.

Le sentiment lors de cette lecture est assez étrange, comme ce roman d’ailleurs. Et même si celui-ci est plein de sens, de métaphores, de poésie, j’avoue complètement que je n’ai pas tout saisi et que je n’ai pas forcément toujours compris le sens de chaque élément. Le mot « Caniche » par exemple, est un mot déclencheur dans ce récit, et a relié les différents mondes, mais nous paraît tellement absurde, limite risible. C’est je pense, ce registre de l’absurde, qui domine dans ce texte : mais aussi celui de la magie, de la poésie, de l’amour, des liens, de l’amitié, des relations, des sentiments, de la difficulté de la vie.

Parmi tous ces nombreux personnages, celui de Titania m’a le plus marqué. Ce n’est pas celui auquel je me suis le plus attaché loin de là, mais cette femme est tellement déroutante ! Enfin ce n’est pas tellement une femme puisque qu'elle appartient au monde imaginaire, mais j’ai tout de même, même si je n’ai pas du tout apprécié son comportement, trouvé son histoire touchante. En effet elle et son mari Obéron ont perdus leur enfant d’un cancer, petit garçon qu’ils avaient «adopté » : puisque en effet, dans ce monde imaginaire, les créatures n’ont pas la notion de l’enfant et de l’éducation. Le couple considérait ce petit garçon plutôt comme un jouet. Puis au fil du temps Titania s’est attachée à cet enfant et se considérait comme une mère, et l’a soutenu jusqu’à la fin de sa maladie à l’aide d’Obéron.

Chris Adrian a une plume poétique que j’ai pris plaisir à découvrir et à lire et a parsemé son roman de magie et d’ondes positives malgré les différentes épreuves que surmontent les personnages. Je peux dire qu’avant tout, aussi, il a une plume intelligente qui porte à la réflexion, même si c’est parfois un peu compliqué de deviner le sens caché.

Ce roman est ponctué de différents récits, que ce soit les souvenirs et la vie des personnages ou bien le présent narré dans ce parc. Et même si le récit est assez prenant, il y’a je trouve quelques longueurs, mais qui sont tout de même pardonnées par la plume de l’auteur et par l’intelligence et la magie de l’histoire.

J’ai bien aimé ce roman, qui est certes parfois un peu long mais qui est ancré dans un univers magique pour mieux comprendre la réalité de nos sentiments.

Un roman original et intriguant, une bonne lecture.